Chapitre 4 : Il faut un début à tout.


Erza.

J'ai enfin fini mon service ! Je dis au revoir au barmen avec un bref signe de la main et je m'en vais. Dehors, il fait déjà nuit et je frissone sous mon petit blouson en toile. Je regarde ma montre : 19h30. Mon service était censé se terminer à 18h30. Une heure supplémentaire que mon patron a intérêt de noter sur ma fiche de paye.

Cela fait maintenant plusieurs mois à mi-temps dans ce café, le "Happy Drink". Un bar plutôt fréquenté par des jeunes, avec une ambiance plutôt sympa. Lorsque j'ai été embauchée, tous les autres serveurs ont été supers gentiles avec moi. Mais le patron a un caractère bien trempé, comme moi. Il nous arrive souvent de nous engueuler, surtout à propos de mes horaires. Au début, il voulait me faire travailler de nuit. Mais la nuit, c'est fait pour s'éclater, pas pour bosser. J'ai dû longuement insister, mais il a fini pas céder.

Mais même si mon boss m'agace des fois, je suis contente de faire ce job...Et puis...C'est plutôt bien payé.
Avec Kana, quand nous avons vu la petite annonce pour ce travail, nous avons longtemps hésité. Laquelle de nous deux était la plus adaptée ?
Mais j'ai fini par y aller. Je n'ai pas forcément plus de compétences que Kana. Mais... Je sais que si Kana faisait ce job, elle boirait encore plus qu'elle ne le fait maintenant. Le patron se serait étonné de voir des bouteilles disparaître de sa cave... C'est cette raison qui m'a poussée à y aller à sa place.
Depuis, Kana a trouvé un boulot de vendeuse, et elle s'en sort plutôt pas mal. Mais elle dépense son salaire beaucoup trop vite (inutile de préciser ce qu'elle achète), ce qui fait que même avec ma paye, nos fins (et même milieux) de mois sont justes. Très justes.

Je serre les dents. Je m'étais promise cette semaine de ne pas penser à l'argent...
Je suis en train de chasser ces idées de ma tête quand mon téléphone sonne. Je décroche.

"- Allô ?
- Erza ? C'est Jubia ! Ecoute, j'ai un serice à te demander..."

Je suis surprise. D'habitude, c'est plutôt moi qui lui demande de l'aider. Financièrement parlant, évidemment.

"-Je t'écoute.
- Alors, euh... Est-ce que samedi prochain, tu peux m'accompagner à une soirée ?"

De plus en plus étonnant. Ce sont toujours nous qui proposons à Jubia des soirées. Jusqu'à maintenant, elle ne m'avait jamais invitée d'elle même.

"- Oui, ça devrait être possible.
- Oh ! Merci, Erza, vraiment ! répond t-elle d'un ton enthousiaste.
- T'inquiète, pas de quoi !
- C'est dans la boîte qui s'appelle "Black Night". Tu connais ?"

Je crois que je suis au comble de la stupeur. Black Night, c'est le genre de boîte où tu vas pour te bourrer la gueule à fond (c'est d'ailleurs l'une des boîtes préférée de Kana) fumer pas que des cigarettes, et finir la nuit dans le lit d'un parfait inconnu... Ce qui n'est absolument pas le genre de Jubia...En tout cas pas à ce point... Jubia fume et boit. Mais elle a des limites que les gens de cette boîte n'ont pas.

"- Oui, je connais...Mais qui organise cette soirée ?
- Euh...Un ami à Sherry, si j'ai bien compris. Tu vois qui c'est ?
- Sherry ? Oui, je crois.
- Tant mieux alors. On se retrouve samedi prochain ?
- Okay ça marche ! A plus !
- Oui, et merci encore !"

Je raccroche, encore un peu abasourdie. Jubia sait vraiment à quoi elle s'attend ? Moi, j'ai l'habitude, je pourrais presque dire que ce genre de soirée est "habituel" chez moi. Mais j'ai du mal à voir mon amie là dedans. C'est presque drôle d'imaginer la scène...

Je souris. Il faut bien un début à tout.

Levy.

Je referme mon casier, remet le cadenas en place et me dirige vers la salle de classe. Endore deux heures de cours et j'ai terminé. Mais deux heures de maths d'affilée, c'est pire que l'enfer... Si on exagère un petit peu.

Perdue dans mes pensées, je ne pense pas à regarder devant moi. Je bute violemment contre quelqu'un et je me retrouve par terre.

"S'cuse !"
Je relève la tête et me retrouve nez à nez avec...

"-Gajeel Redfox !
- Levy... Crevette ?"

Plus d'un mois que les cours ont commencé. Plus d'un moins que nous nous connaissons. Et il ne sait même pas mon nom de famille.

" Mcgarden ! Levy Mcgarden !
- Okay, moi c'est Bond. James Bond."

Je pouffe de rire un peu bêtement. Peut être qu'il n'est pas doué en classe, mais pour faire des vannes débiles, y'a du niveau !

"- Tu ne vas pas en cours ? Je lui demande en me relevant.
- Nan.
- Tu sèches ?!
- Ouais. Deux heures de maths attends, ça craint !
- Le prof va te tuer si il le sait...
- J'en ai franchement rien à foutre.
- Mais...
- Pas de mais, crevette ! Si il demande où je suis, je compte sur toi pour me couvrir. T'inventes une excuse bidon !
-..."

Il me passe devant puis il lance
"Merci d'avance, crevette !"

Je soupire en souriant. Incorrigible. Ce mec me fascine vraiment. Nos univers sont tellement opposés... lui, le rebelle de service et éternel redoublant, habitant en banlieue, grand (pour ne pas dire immense), et plutôt populaire.
Et puis moi, La timide, gosse de riche, petite (pour ne pas dire minuscule) et introvertie. Parfaitement inverses.

"Les contraires s'atttirent" m'a un jour dit mon amie Bisca. Mais je pense qu'il y a des limites quand même.
Lorsque j'arrive à la salle de classe, le cours est déjà commencé depuis 5 minutes. Cet idiot aura réussi à me mettre en retard... Je toque timidement à la porte et entre.

"- Tu es en retard, Levy, m'annonce le prof d'un ton accusateur.
- Je suis désolée, j'étais à mon casier...
- Bon, ça ira pour cette fois. Mais la prochaine fois, c'est un mot dans le carnet. Et sait tu ce qu'il en est de ton camarade Gajeel ?
- Euh...Il ne se sent pas bien, il est à l'infirmerie ! Dis-je en rougissant comme à chaque fois que je mens.
- Ha, très bien."

Je gagne ma place en croisant le regard bourré de sous-entendus de Bisca.
Mes rougissements perpétuels conduiront à ma perte. Je sens que je vais avoir droit à un interrogatoire à la fin du cours.

Le prof continues à parler de fonctions affines, mais je ne l'écoute pas. Je pense à Gajeel. Avant lui, je n'avais jamais été proche d'un garçon de ce genre.
Grâce à lui, je me suis bien intégrée à la classe. Au début, je restais seule, dans mon coin. Puis il est venu me parler. Et les autres ont suivi. J'ai ainsi fait la connaissance de Bisca, une fille formidable (et folle amoureuse d'un garçon d'une autre seconde, Arzack Connel) et pleine de joie de vivre. Gajeel aussi est formidable en un sens. Grâce à son aide, je ne me suis jamais sentie aussi bien dans un classe.
Je souris niaisement en pensant à tout ça. Et je ne capte même pas que le prof me regarde.

"- Levy Mcgarden ! tonne t-il soudaine tellement fort que je sursaute.
-Ou-oui monsieur !
- Qu'est ce que je viens de dire ?
- Je ne sais pas, je n'ai pas écouté...Avouais-je, gênée.
- Eh bien vous viendrez apprendre votre cours mercredi en colle !"

La première heure de colle de toute ma vie. Le choc est dur. Je m'aggripe à ma chaise. Les protesations des élèves fusent.

"-M'sieur, pas elle !
- Soyez cool !
- Elle a rien fait !"

Rien à faire. Le prof hurle, et tout le monde se tait. C'est une vraie terreur...
La fin des cours sonne enfin. Les élèves se précicpitent pour sortir. Alors que je finis de faire mon sac, le prof s'avance vers moi, menaçant. Il me tend le billet de colle à faire signer par mes parents. Youpi.

"Que cela ne se reproduise pas, Levy."
Je hoche la tête, un peu honteuse.

Puis je sors de la classe en soupirant et... J'éclate de rire sans trop savoir pourquoi, sous l'oeil ahuri de Bisca qui m'attendait pour qu'on rentre ensemble.

Une heure de colle ? J'en connais un qui se foutrait bien de ma gueule.

La vie est belle, hein Levy ? Allez, ris tant que tu peux encore le faire.


Jubia.

Rouge ? Noire ? Bleue ? Décolletée ou pas ? Courte ou longue ? Avec ou sans dentelle ?

Nous sommes samedi. Il est 21h30. Dans une demi heure, la soirée commencera. Et je n'ai toujours pas choisi quelle robe j'allais mettre...
J'en ai marre. Plus d'une heure que j'essaye et rééssaye des tenues devant Erza qui a l'air d'en avoir aussi sa claque.

"-Jubia..me supplie t-elle soudain, dépêche toi de choisir...
- Erza, s'il te plaît, ne me déconcentre pas, c'est déjà assez dur comme ça ! Je ne sais absolument pas laquelle mettre, et tu étais censée me conseiller, mais tu ne m'aide pas plus que ma lampe de bureau !
- Pff...C'est pas si important que ça !
- Détrompe toi ! Je veux montrer que j'ai oublié, que je peux être à nouveau heureuse. Tu peux comprendre ça ?! Trois mois, quasi jour pour jour. C'est bon, ça suffit maintenant ! Il faut que je passe à autre chose.
- Je te comprends, mais je vois pas le rapport avec une robe de soirée.
- Laisse tomber.
- Jubia, faut que tu comprenne que dans cette boîte, tous ce qui intéresse les gens, ce sont tes seins et ton cul. Tu pourrais y aller en sous-vêtements, ça changerait pas grand chose. Alors arrête de te casser la tête pour rien."

Silence. Cette fois, elle m'a vaincu. Je ne trouve pas d'autres arguments. Je me penche sur mon lit pour prendre la première robe qui me vient sous la main. Une robe bleue nuit, sans manches, plutôt courte. Je l'enfile, je mets une paire de boucles d'oreilles et des chaussures, tout ça en silence. Je sens le regard d'Erza sur moi. Je vérifie mon allure dans mon miroir. Pas trop mal. Alors je fixe Erza dans les yeux et je lui dis :

"Je suis prête."

Elle me fait un grand sourire, un peu moqueur sur les bords.

"- Eh ben tu vois, quand tu veux, t'es capable de comprendre certaines choses...
- Mmmpf, répliquai-je la mine boudeuse, et si on y allait ?"

Elle éclate de rire et me fait un bisou sur la joue. Puis elle m'entraîne dehors. Je ferme la porte de mon appart et je la rejoins dans la rue.

"-Bon, dit-elle, si on court, on sera peut être pas les dernière à entrer.
- Parce que...On y va à pied ? On y va pas en taxi ?"

Elle me dévisage comme si je venais de dire que je rêvais de manger le béton du trottoir.

"-Mais Jubia...Le taxi ça coûte hyper cher...
- T'inquiète pas pour ça. J'ai ce qu'il faut."

Elle me sourit, d'un air reconnaissant cette fois. Des fois c'est cool d'être blindée de thune. On monte dans une voiture garée, et dix minutes plus tard, on y est. On entend la musique d'ici. Et soudain, j'angoisse. Est ce que j'ai vraiment ma place dans cette soirée ? Erza doit sentir mon inquiètude, car elle me prend la main à la sortie du taxi. Je lui souris faiblement, et je me retourne pour payer le chauffeur. Quand celui-ci est parti, nous nous dirigeons vers l'entrée de la boîte.

" Il faut que je te dise, Jubia, que je pense que nous ne rentrerons pas ensemble, si tu vois ce que je veux dire..."

Pas la peine d'expliquer d'avantage. J'ai très bien compris ce qu'elle voulait dire. Elle terminera sûrement sa soirée dans les bras d'un mec rencontré une heure auparavant, complètement ivre et défoncée. Et si ça se trouve, ça ira de même pour moi. Même si c'est très dur à imaginer.

"Je sais, Erza. T'inquiète pas pour moi, ça ira."

Elle semble aussi un peu inquiète pour moi. C'est normal. Je lui fait un clin d'oeil pour la rassurer, et on rentre.

La musique bat son plein. On essaye tant bien que mal de se frayer un chemin parmis tout les gens qui se déhanchent, plus ou moins bourrés. Je cherche Sherry du regard. Elle me fait un signe de la main du fond de la salle. A côté d'elle un mec aux cheveux blancs au regard moqueur, et un autre avec les cheveux bleus et un tatouage autour de l'oeil. Nous nous avançons vers eux quand Erza se stoppe net.

Erza.

Oh non. Pas lui.

Gerald.

Putain. Qu'est ce qu'elle fout là ?

Erza.

Il m'a vue. Je le sais.

Gerald.

En plus, elle sait que je l'ai vue.

Erza.

Il faut que je me casse. Et vite.

Jubia.

Je ne comprends rien. Pourquoi Erza s'en va ?

"Pardon..."
Le mec au tatouage passe devant moi. Il a l'air pressé. Est ce qu'il y a un rapport avec la fuite d'Erza ? Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions. Sherry m'attrape le bras.

"-Jubia ! Tu es là ! Je t'attendais !
- Salut, Sherry !
- Tu viens, on va s'asseoir ! Je voudrais te présenter quelqu'un !" Me lance t-elle avec un clin d'oeil qui en dit long sur ses intentions.

Je regarde le "quelqu'un" en question. Je suis sûre que c'est le Lyon dont elle n'arrêtait pas de me parler. Un regard indifférent, et une cigarette à la bouche, je ne peux pas m'empêcher de le trouver charismatique.
Sherry m'entraîne. Je me retourner pour essayer de voir Erza. J'aperçois une chevelure rousse au loin. Je voudrais l'appeller, mais Sherry me pousse pour que je m'asseoie à côté d'elle. Et tout de suite après, elle engage la conversation avec ledit Lyon. Il me sourit, d'un air charmeur. Mais je me laisserai pas prendre. Tant que je ne suis sous les effets de l'alcool, je ne suis pas une fille facile. Même si Sherry ne s'était pas trompée quand elle m'affirmait qu'il était mon genre de mec.
Lorsque je me retourne encore une fois, plus aucune trace d'Erza.

Erza.

Courir avec des talons est une épreuve vraiment horrible. Mais je veux m'éloigner le plus loin possible de la boîte. Je  veux pas le revoir. Pas lui. Pas maintenant.
J'arrive dans une petite ruelle éclairée par un lampadaire. Je m'arrête pour reprendre mon souffle. Je m'asseois par terre et essaye de calmer ma respiration.

" On t'a pas dit qe c'était dangereux de traîner toute seule à cette heure ?"

Non. C'est pas vrai...

Je me retourne. Et si. C'est lui. Ses cheveux bleus, je m'en souviens très bien.

"-Pourquoi tu m'a suivie ? lui dis-je en essayant d'être la plus froide possible
- Parce que voulais te voir.
- Et pourquoi ?
- Parce que j'ai envie, c'est tout.
- Moi en tout cas, j'ai pas envie de te voir."

Il rit. Il trouve sûrement que je ne suis pas crédible. En même temps, même moi je ne suis pas sûre de ce que je dis.
Il sort une clope et l'allume. Il me souffle la fumée sur le visage. Et là, je me souviens qu'il m'avait fait exactement la même chose quand j'avais passé la nuit chez lui. L'enfoiré.
Je me relève vivement et lui attrape le bras. Ridicule. Il est bien plus fort que moi. Je suis tellement ridicule a essayer de jouer les dures que j'éclate de rire. Il paraît décontenancé. Tant mieux.

"-T'es chelou comme nana en fait...
- Je sais, répondis-je en riant.
- J'ai froid.
- Moi aussi.
- Alors, viens chez moi."

Ce n'étais pas une question. Je ne sais plus quoi dire. Pas question que j'accepte, ce serait trop facile. Mais en même temps, c'est comme si je n'avais pas envie de refuser...
Devant mon silence, il m'attrape par la taille et me balance contre son épaule, puis il commence à marcher.

"-Repose moi tout de suite ! criai-je.
- Non, pas envie."

Je me débats, j'essaye de déssérer son étrainte. Je l'entends rire par dessus son épaule. Je sais que c'est inutile. Alors je ferme les yeux. Et puis, soudain, je me rends compte de quelque chose. Je ne sais même pas comment il s'appelle.

"- C'est quoi ton nom ?" Lui demandai-je doucement.

Gerald.

Je souris. C'est vrai ça, moi non plus je sais pas comment elle s'appelle.

"-Gerald Fernandez. Et toi ?
- Erza Scarlet."

Ce nom lui convient parfaitement, vu la couleur de ses cheveux. Un rouge sombre qu'on ne peut pas oublier. De toute façon, j'suis jamais arrivé à l'oublier complètement.

Erza.

On arrive devant son immeuble. Il me dépose sur le sol. Je regarde la lune. Elle est magnifique ce soir. Presque entièrement ronde et lumineuse comme jamais. Je me sens étrangement bien.

"-Gerald !
-Ouais ?
-Regarde la lune.
- Quoi, la lune ?
- Bah, elle est belle.
- T'es vraiment folle toi...
- Et toi, t'es con."

Il hausse un sourcil d'incompréhension. J'aime être incompréhensible. Et ce soir, moi même je me comprends pas.


La folie n'est pas un défaut.



Et voilà le chapitre 4 avec un petit peu de retard ! ^^'
J'espère que vous avez aimé ! :) Le passage de fin m'a donné beaucoup de problèmes ! >.< Enfin bref, n'hésitez pas à poster vos remarques, vos critiques... Je prends tout ! ;)

A la prochaine, Lucy♥♥


Chapitre 4 : Il faut un début à tout.



Posté le 08.03.2013 à 20:55 - nombre de commentaires : 1  Nombre de vues : 694
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