Chapitre 2
Sûres de nous, nous sommes sorties de la camionnette, car le conducteur, un jeune homme assez fort, a rétorqué :
- Si vous sortez pas maintenant, périssez ici. Ou alors vous rejoignez Thom, et tout se passera bien.
Nous avions peur de ce qui allait nous arriver. Nous sommes entrées dans cette maison épouvantable qui d'après moi, n'était pas habitée.
Thomas, ce type sans-pitié, nous a prises par le col, toutes les deux, et nous as assises sur des chaises bancales. Il nous a mis du scotch sur la bouche. J'étais pétrifiée. La matière gluante me dégoûtait.
Il soupira.
- J'vais pas vous mentir, si vous êtes ici c'est pas pour rien. C'est soit vos parents, ils donnent du cash, soit il vous arrive des malheurs. Ouais, en ce moment j'ai besoin d'argent auprès de ma petite copine, hein chérie ?
Eléanor simula une grimace, et conclut :
- Je ne suis pas ta petite amie pauvre minable ! Tu fais pitié, tu te crois dans les films, mais au fond tu nous fera pas de mal, sale mauviette.
Dans ma tête j'ai pensé : "Non, Eléanor pourquoi t'as dis ça ?"
Effectivement, je n'avais pas tort, un bruit résonna dans la pièce et tout d'un coup j'ai vu une marque rouge sur la joue d'Eléanor. Il l'avait gifflée. Désormais, elle pleurait. Le bruit de la pluie retentissait dans la salle. La nuit commençait à tomber. Nous avions faim, soif. Nous étions tristes.
Plus tard dans la soirée, j'ai reçu un appel de ma soeur, Camille. Ayant les mains liées, je ne pouvais pas décrocher. Et c'est à ce moment-là qu'Eléanor et moi, nous nous sommes regardées dans les yeux et nous avons pensé à la même chose : Il fallait que l'on se détache. J'ai vite tourné mes mains et pris le couteau dans sa poche, difficilement. Elle était, à ce qu'il paraît, toujours prévoyante. Alors cela ne m'étonnait pas qu'elle ait un couteau suisse et une bombe lacrymogène. Une fois le couteau en main, j'ai tiré de toutes mes forces sur la ficelle d'Eléanor, et, folle de joie, je parvint à la couper.
Une fois libérée, mais ne pouvant toujours pas parler, Eléanor pris à son tour le couteau, et me détacha.
Nous étions libres. Il ne restait plus qu'une solution à trouver pour sortir de cette affreuse maison. J'ai tout de suite repensé à appeler ma soeur. Mais, plus de réseau. C'était ma crainte. Mais vu le village sur lequel nous avions été emmenées, cela ne m'étonnait pas. C'était isolé de tout. Il n'y avait rien autour. Alors, pendant 1h00, nous avons concentré nos cerveaux à 100%.
Je regardais tout autour lorsque je vis une porte.
Sur la pointe des pieds, j'accourus, par curiosité. Mais elle était fermée.
Alors je revins m'asseoir. Mais, sur le dessus de la porte était en parfait état une clé, marron, et assez ancienne. Je pris d'une poignée cette clé qui, pour moi, en cet instant, était un trésor, et j'ouvris la porte. Derrière cette porte, il n'y avait pas de mur. C'était vide. On dirait que cela ne s'arrêterait jamais. J'ai donc réveillé Eléanor et avec des signes de main, je lui ai fait comprendre qu'il y avait un passage. Je ne savais pas comment elle faisait pour dormir avec une angoisse comme celle-ci. Elle se précipita vers la porte, lorsque j'entendis "J'ai entendu un bruit, viens voir." C'était une voix assez forte, ressemblante à celle du conducteur. J'étais persuadée que c'était lui. Un instant, j'ai eu froid dans le dos, car j'ai vu la clé sur ma chaise, et s'ils allaient venir dans la salle, nous étions fichues, nous ne pouvions pas nous enfermer dans le tunel par l'intérieur. Alors Eléanor devina par mon regard inquiet, et elle courut comme un athlète pour récupérer la clé. Au moment où la porte s'ouvrit, la notre se fermait. Nous étions soulagées, mais mon coeur battait la chamade. Et s'ils parvenaient à ouvrir la porte, ou seulement deviner qu'on était à l'intérieur ?
Mon visage s'illumina : Je me souvenais.
Thomas avait ouvert la fenêtre car il avait jeté son mégot de cigarette. En arrivant, s'il voyait la fenêtre ouverte, il allait sans doute penser que nous nous étions sauvées par celle-ci.
J'étais là, sans bouger, en attendant ce qu'ils diraient.
- Oh, purée, elles sont où ?
- Me dis pas...
- C'est toi qui avait ouvert la fenêtre, t'es vraiment qu'un bon à rien !
- Mais elles sont trop grosses pour passer réfléchis !
J'ai été vexée, mais c'était vrai, la fenêtre était très fine. A ce moment-là, la fille de la couturière et moi étions sans mots. Nous avons commencé à courir, de toutes nos forces, comme jamais. Je n'avais jamais couru aussi vite de toute ma vie. Puis soudain, je me suis cognée. Ca m'a fait très mal. Je suis tombée. Puis j'ai ouvert les yeux, et j'étais par terre, dans ma chambre. J'avais réalisé que tout ça était un rêve. Il était 4h35 du matin et j'étais avec mon pyjama Titi et Grosminet.
J'avais beaucoup transpiré. J'ai entendu du bruit dans les marches, puis j'ai vu la tête de ma mère, affolée.
- Ma chérie, c'était quoi ce bruit ?
- Non, rien, j'ai fait un cauchemar maman ! Il était horrible, je m'étais fait kidnapper avec Eléanor, la fille de la couturière.
- Ah oui, effectivement c'est horrible. Allez, rendors-toi.
Ce qui était sûr, c'est qu'après ce cauchemar, je n'allais plus regarder l'impasse du même oeil.