Najim est une voix incontestablement montante du raï, à laquelle il faut restituer sa véritable identité.
Tous s’accordent à faire le constat que le raï connaît, depuis quelque temps, un déclin sur la scène internationale, notamment avec les aventures rocambolesques et à feuilleton de Khaled et de Mami. Leurs vicissitudes relationnelles et leurs déboires avec la justice, qui ont fait la une des journaux nationaux et étrangers, ont causé la dégringolade du raï au hit-parade. Même Fodel, qui chantait, il y a quelques années, en français mais dans le style raï, a subitement changé de registre, faisant ainsi dans l’une de ses chansons, Mon Pays, une allusion nette et formelle à sa francité qu’il revendique d’ailleurs à tue-tête. Il se reconnaît désormais dans un autre genre musical, donc dans une autre identité culturelle.
Alors que le raï a atteint d’une façon spectaculaire son apogée dans les années 1990, acquérant une renommée incontestablement internationale, représentant ainsi l’Algérie hors des frontières, il se trouve qu’aujourd’hui il n’en est plus rien. L’époque où le raï était, par excellence, une référence musicale, semble révolue. Elle fait partie de l’histoire ancienne. Khaled et Mami, c’est du passé. Si le king a abdiqué, si le prince n’a su conserver son titre, il se trouve toutefois que la relève est loin d’être perdue. Elle est assurée bien au contraire.
Cette relève nous vient de France – même si l’origine est algérienne. Il s’appelle Najim, une jeune voix de 22 ans, doté d’une sensibilité musicale particulière, ce qui laisse augurer un bel avenir encore pour le raï. De père algérien et de mère française, mais de parents séparés, Najim est né en France, mais c’est en Algérie qu’il a grandi et a fait sa scolarité. Il vit à Bordj Bou-Arréridj jusqu’à l’âge de 18 ans, où le bac en poche, il quitte l’Algérie pour aller retrouver sa mère. Dans ses années algériennes, Najim se familiarise avec la musique et développe son don vocalique. A 6 ans, il déjà chef de chorale de son école, et à 12 ans, il crée un groupe. Najim voue une préférence pour le style love raï, un genre musical qui nous rappelle celui initié par le défunt cheb Hassni – à l’époque une nouveauté, une révolution dans le milieu raï.
Arrivé en France en 2000, Najim rencontre Salah Rahoui, auteur et compositeur à succès de Khaled, Zahouania, cheb Sahraoui, Gypsy King… Cette rencontre se révèle décisive pour le jeune talent qui rêvait, très tôt, de notoriété. Sa carrière est immanquablement lancée avec l’enregistrement, en 2004, d’un premier album Kount Enhaouès. Dans le style love raï, l’album se vend à plus de 8 000 exemplaires. Fort de son succès, Najim fait des scènes et des plateaux de télévisions ainsi que des émissions de radio.
Mais c’est en 2007 que l’envol de l’artiste a eu réellement lieu avec un second album H’sabtek ana.
Najim, qui fut choriste sur le dernier album de la regrettée Cheïkha Rimiti, avec qui il a enregistré quelques jours avant son décès, se révèle une voix mature et prometteuse. Il s’impose sur la scène artistique en tant que voix jeune, attachante et sensuelle. Sa musique relevant d’une recherche de nouvelles sonorités se caractérise par des sons modernes mais aux accents typiquement raï. C’est alors dans un esprit authentiquement raï que s’opère la magie vocale de Najim qui nous fait revenir aux premières résonances du raï. Ainsi, le style de Najim est un mélange élégant et équilibré de tradition et de modernité.